Aurélien André témoigne de son expérience dans un entretien réalisé au mois de juin 2010.
Comment un naturaliste nantais en arrive-t’il à travailler au Pays Basque ?
Né en 1987, j’ai vécu mon enfance dans le pays Nantais. Amoureux de la Nature, j’ai passé mon Bac dans un lycée agricole avant de faire un DUT de Biologie en Vendée. C’est en poursuivant mes études en Licence professionnelle à Anglet que j’ai découvert le Pays Basque. J’ai vite compris le privilège de vivre dans cette région pour un naturaliste : mer, montagne, campagne… tout y est ! Je me suis rendu sur le col d’Organbidexka et le monde des rapaces m’a happé dans ses serres !
A mon retour sur Nantes après un stage sur le Circaète Jean-le-blanc en Haute-Loire, j’ai pris en charge un carré de prospection pour « l’enquête rapaces ». Rien à voir avec la diversité basque mais impeccable pour faire ses armes. J’ai également trouvé mon premier job en rapport avec mes études et ma passion : animateur naturaliste.
C’est lors de mon retour au pays Basque en 2009 que j’ai rencontré Jean-Luc Gonzalez “Bijou” et Isabelle Rebours pour la première fois, bien évidemment en spottant sur Orgambideska ! Saiak cherchait des bénévoles motivés pour les prospections hivernales en montagne, je cherchais à m’investir dans une association naturaliste et la passion des rapaces me rongeait toujours. Les prospections Gypaètes, Grand-Duc et Aigles royaux se sont donc succédées durant l’hiver (ainsi que les soirées chaleureuses autour d’un bon repas !).
En quoi a consisté ton travail ?
Depuis plus de 25 ans, Saiak agit sur le terrain pour mieux connaître les rapaces en Pays Basque. A ce titre, la prospection et le suivi des couples de Percnoptères d’Egypte demande un investissement très important. C’est pourquoi Saiak a souhaité embaucher une personne au printemps. Ma mission principale était de trouver et de suivre les couples de Percnoptères, mais les activités de Saiak allant bien au-delà de cette unique tâche, j’ai également suivi les autres espèces de rapaces nicheurs du Pays Basque, prioritairement l’Aigle royal, le Milan royal et le Hibou grand-duc. J’ai également été amené à surveiller le seul poussin de Gypaète éclos cette année et proche de l’envol.
Je disposais d’un camion aménagé qui m’a permis de me déplacer dans tout le pays Basque en fonction des missions et de la météo. Je travaillais donc en autonomie la semaine et profitais des jours de mauvais temps (bien trop fréquent à mon goût cette année) pour me reposer. Le week-end, je rejoignais Bijou et Isabelle pour des heures de prospection en montagne, des espoirs, des désillusions mais surtout de belles victoires et de sacrés bivouacs en montagne!
Le travail se déroule en deux temps : la prospection et le suivi. Dans un premier temps, il s’agit de prospecter les endroits favorables à la nidification de l’espèce en question, en commençant par les sites historiques, déjà utilisé dans le passé. Une fois la présence d’un couple attesté et l’aire localisée, le suivi de la reproduction commence : les adultes se reproduisent-ils, couvent-ils, nourrissent-ils un ou plusieurs jeunes ?… C’est un travail passionnant qui demande de la patience et un peu d’expérience.
Qu’en as-tu retiré personnellement?
J’ai pris très à cœur la mission que ma confié Saiak et qui représentait pour moi ma premièreexpérience professionnelle dans un domaine purement naturaliste. J’ai énormément appris,aussi bien sur le plan professionnel que personnel : les journées sont parfois longues, seul enmontagne.Heureusement, j’ai été très bien encadré par deux rapaçologues confirmés que sont Bijou etIsabelle. Ils m’ont appris comment décrypter certains comportements ou évènements qui meparaissait jusqu’à lors anodins et qu’il est pourtant indispensable de comprendre pour avancerdans notre travail.
Je profite de ce papier pour les remercier, ainsi que tous les bénévoles deSaiak qui m’ont prêté une maison de famille, nous ont supporté lors des journées de spot, ouencore ont courageusement suivi des couples nicheurs lors de leur temps libre.Cette solidarité au service de la Nature paie puisqu’avec 20 couples de Percnoptères recensés,l’année 2010 est celle de tous les records pour cette espèce. Grâce à tous ces efforts, nouspouvons espérer que la population basque grandira dans les années à venir.